Le Maroc se lance dans une ambitieuse transformation de son infrastructure de transport, avec un investissement colossal de 96 milliards de dirhams (MMDH) destiné à moderniser le réseau ferroviaire et à améliorer les services d’ici 2030. Ce projet s’inscrit dans une vision stratégique de développement global, plaçant le transport au cœur de la dynamique économique et sociale du Royaume.
Sur les 96 milliards de dirhams alloués, 53 MMDH seront consacrés à la construction d’une ligne à grande vitesse reliant Kénitra à Marrakech et au développement du transport ferroviaire régional. Ces investissements prévoient également l’achat de 18 trains à grande vitesse et 150 trains multiservices pour un montant de 29 MMDH. De plus, 14 MMDH seront affectés à la construction et à la réhabilitation d’une quarantaine de gares, garantissant l’efficacité du réseau national.
D’ici 2040, ce plan ambitieux promet de connecter 43 villes marocaines contre 23 actuellement, couvrant 87% de la population, comparé à 51% aujourd’hui. Cette expansion prévoit également la liaison ferroviaire de 12 aéroports internationaux et 12 ports, contre seulement un aéroport et six ports actuellement. Ces développements contribueront à la création de 300 000 emplois et favoriseront une croissance économique inclusive.
La liaison ferroviaire stratégique avec le Port Nador West Med, similaire au succès de Tanger Med, constitue une étape clé de ce projet. Avec un investissement de 4,3 MMDH, l’état d’avancement atteint déjà 17%, englobant les études détaillées et les procédures d’acquisition foncière.
Le développement du transport ferroviaire s’accompagne d’une vision industrielle innovante. L’Office National des Chemins de Fer (ONCF) prévoit la création d’un écosystème ferroviaire local. Une unité de fabrication de trains sera implantée, accompagnée par un réseau de fournisseurs et de sous-traitants. Une joint-venture entre l’ONCF et des constructeurs assurera la maintenance et orientera l’industrie marocaine vers l’exportation, ciblant les marchés africains et européens.
Le transport aérien marocain bénéficiera également de 42 MMDH d’investissements, axés sur l’extension des principaux aéroports. L’aéroport Mohammed V de Casablanca, porte d’entrée majeure du Royaume, verra sa capacité portée à 44 millions de passagers par an. D’autres projets incluent un nouveau terminal à Rabat-Salé pouvant accueillir 4 millions de passagers, ainsi que la modernisation des aéroports de Tanger, Marrakech, Fès, Tétouan et Agadir.
En parallèle, le soutien aux vols domestiques et l’ouverture de nouvelles lignes aériennes viseront à désenclaver les zones éloignées, renforçant ainsi la cohésion territoriale et l’accès aux opportunités économiques.
Le Maroc envisage également de créer une flotte maritime commerciale nationale. Cette initiative stratégique vise à renforcer la souveraineté économique du Royaume, à développer des acteurs compétitifs dans le domaine maritime et à intégrer les réseaux régionaux en Afrique de l’Ouest-Atlantique-Sahel.
Ces projets reflètent la ferme volonté de l’Exécutif de positionner le transport comme un pilier du développement national. Toutefois, des réformes législatives et organisationnelles s’avèrent nécessaires pour maximiser l’impact de ces investissements. En outre, l’interconnexion ferroviaire des régions non desservies et la réhabilitation des aéroports dans les provinces du Sud contribueront à une justice spatiale accrue et à un développement harmonieux.