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vendredi 31 janvier 2025

L’automobile, ce fleuron de l’industrie marocaine

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Le secteur automobile marocain s’affirme comme l’une des réussites les plus emblématiques de la politique industrielle du Royaume. En moins de deux décennies, le pays a su se hisser parmi les leaders continentaux en termes de production et d’exportation de véhicules. Porté par des écosystèmes intégrés, un environnement des affaires compétitif et une politique résolument tournée vers l’innovation, le Maroc s’impose désormais comme un pôle stratégique pour les constructeurs internationaux.

En 2023, le Maroc a produit 535 825 véhicules, consolidant ainsi sa place de deuxième producteur africain, juste derrière l’Afrique du Sud. Cette performance industrielle est le fruit de plusieurs années d’investissements stratégiques, notamment dans les villes de Tanger et de Kénitra, où se trouvent les plus importantes usines du pays. Ces infrastructures, opérées par des géants comme Renault et Stellantis, sont devenues des hubs d’exportation vers l’Europe, l’Amérique et d’autres régions du monde. Le secteur automobile dépasse désormais le phosphate en termes de recettes d’exportation, avec des ventes qui ont atteint 141,7 milliards de dirhams en 2023.

Cette montée en puissance repose sur une approche volontariste du gouvernement marocain, visant à créer des écosystèmes industriels complets. Ces écosystèmes englobent la conception, la fabrication de pièces détachées, l’assemblage de véhicules et la logistique. À Tanger Med, principal port du pays, les flux de véhicules et de composants industriels s’effectuent avec une rapidité et une efficacité optimales, permettant aux constructeurs de répondre aux exigences de leurs marchés d’exportation.

L’essor de l’industrie automobile au Maroc ne se limite pas à la seule production. Il est également le reflet d’une transformation profonde de l’économie nationale, qui mise sur le développement des compétences locales. Des dizaines de milliers d’emplois directs et indirects ont été créés dans les chaînes de production et les réseaux de sous-traitants. En parallèle, des partenariats avec des universités et des centres de formation technique ont permis de renforcer le savoir-faire national dans des domaines clés, tels que l’ingénierie automobile, la maintenance industrielle et les technologies embarquées.

Des marques 100 % marocaines

Depuis quelques années, l’ambition industrielle du Royaume s’est matérialisée par la création des premières marques automobiles 100 % marocaines. L’une des réussites les plus marquantes est celle de NEO Motors, qui a lancé en 2023 son premier modèle de véhicule entièrement conçu, fabriqué et assemblé au Maroc. Cette initiative représente un tournant majeur pour l’industrie locale, illustrant la capacité du pays à développer sa propre expertise en ingénierie et en design.

NEO Motors se positionne sur le segment des véhicules adaptés aux besoins du marché intérieur et de certaines régions africaines, en misant sur des prix compétitifs et une technologie fiable. Ce projet a bénéficié d’un soutien stratégique des pouvoirs publics, notamment à travers des partenariats avec des investisseurs nationaux et des instituts de recherche. L’usine de production, située dans la région de Benslimane, a une capacité initiale de plusieurs milliers d’unités par an, avec des perspectives de croissance rapide en fonction de la demande.

En parallèle, d’autres startups marocaines innovent dans le secteur automobile, en se concentrant sur les segments porteurs de l’avenir. C’est le cas de projets liés à la fabrication de bornes de recharge pour véhicules électriques et au développement de batteries 100 % marocaines. Ces initiatives sont soutenues par des institutions telles que l’Université Mohammed VI Polytechnique et l’Office chérifien des Phosphates (OCP), qui investissent dans la recherche appliquée.

Le lancement de marques locales répond à une double ambition. D’une part, il s’agit de réduire la dépendance du Maroc vis-à-vis des importations de véhicules et de pièces détachées. D’autre part, le pays cherche à s’affirmer comme un acteur compétitif sur le marché régional, en proposant des véhicules accessibles et respectueux des normes environnementales internationales. Cette stratégie s’inscrit dans une dynamique globale visant à encourager l’innovation locale et à renforcer la souveraineté industrielle.

La transition vers la mobilité durable : enjeux et opportunités

Face aux défis environnementaux, le Maroc a amorcé une transition vers une mobilité plus propre, en phase avec les objectifs internationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Des projets ambitieux sont en cours pour développer une infrastructure adaptée aux véhicules électriques. D’ici 2026, le pays prévoit l’installation de 2 500 bornes de recharge, réparties sur l’ensemble du territoire. Ces investissements, soutenus par des consortiums nationaux et internationaux, visent à préparer le marché marocain à l’interdiction des moteurs thermiques dans l’Union européenne d’ici 2035.

Le potentiel du marché des véhicules électriques est également renforcé par la demande croissante en batteries de nouvelle génération. Des accords stratégiques ont été conclus avec des partenaires asiatiques pour construire des usines de production de batteries, capitalisant sur les ressources naturelles et les énergies renouvelables abondantes du Maroc. Ce positionnement s’inscrit dans une vision globale qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 45 % d’ici 2030.

Reconnaissance internationale et perspectives d’avenir

Les récentes performances du secteur automobile marocain ont été saluées par plusieurs organisations internationales. La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a qualifié le Maroc de modèle en matière d’intégration dans les chaînes de valeur mondiales. De son côté, la Banque mondiale a souligné la capacité du Royaume à attirer des investissements étrangers de grande envergure, notamment dans les secteurs stratégiques du transport et des énergies propres.

Néanmoins, des défis restent à relever pour pérenniser ces acquis. Le marché intérieur, bien que prometteur, est encore dominé par le segment des véhicules d’occasion, qui représente environ trois fois le volume du marché des véhicules neufs. En 2023, le Maroc a enregistré 150 552 ventes de véhicules utilitaires et 415 067 mutations de voitures particulières sur le marché de l’occasion. Ces chiffres traduisent une demande soutenue, mais également la nécessité de développer davantage les offres de financement et les infrastructures de mobilité pour les primo-accédants.

Par ailleurs, les constructeurs doivent faire face à une concurrence internationale accrue, notamment de la part des producteurs asiatiques qui dominent le segment des véhicules électriques. Pour maintenir sa compétitivité, le Maroc mise sur la diversification de son offre industrielle et le renforcement de l’innovation technologique. Des initiatives sont en cours pour intégrer des solutions numériques avancées dans les véhicules fabriqués localement, allant des systèmes de navigation intelligents aux capteurs de sécurité embarqués.

Le secteur automobile marocain entre dans une nouvelle phase de son développement, où la mobilité durable, l’intégration régionale et l’innovation joueront un rôle central. La stratégie adoptée par le Royaume, combinant attractivité économique et objectifs environnementaux, pourrait bien faire du Maroc un leader incontournable de l’industrie automobile africaine et méditerranéenne.

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L'invité du Nouvelliste Maroc

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