Le premier groupe de presse privé du Bénin, La Gazette du Golfe, a annoncé jeudi le licenciement de ses 200 employés après le gel de ses comptes bancaires par les autorités du pays.
« Nos banques nous ont notifié que nos comptes ont été saisis par les institutions étatiques (…) Cette situation nous prive de la moindre ressource sur laquelle nous pouvons compter pour soutenir le personnel », a indiqué le patron du groupe, Ismaël Soumanou, dans sa lettre de licenciement collectif, relayée par des médias.
« Nous allons débrancher tous les dispositifs satellitaires y compris l’eau et l’électricité et les faisceaux de connexion », a-t-il ajouté.
Depuis août, le groupe de presse, qui dispose d’une chaîne de télévision, d’une station de radio et d’un journal bihebdomadaire, est privé de diffusion suite à une décision de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) qui l’a accusé d' »apologie de coup d’Etat » après des commentaires sur la situation au Niger voisin.
Depuis cette suspension, les salariés ne percevaient qu’une partie de leurs salaires. Mais le gel des comptes bancaires du groupe a porté le coup de grâce aux trois médias.
La Gazette du Golfe a été le seul journal d’opposition dans le pays jusqu’en 1990.
Interrogé sur la fermeture du média au cours d’une conférence de presse jeudi, le président béninois, Patrice Talon, a répondu qu’il n’avait pas la main pour agir.
« J’éprouve une certaine peine (…) C’est malheureux que ce média ne soit plus accessible », a-t-il affirmé. « Je ne suis pas patron de la HAAC », a soutenu le chef de l’Etat en laissant entendre qu’il n’avait pas à interférer dans le travail de l’autorité audiovisuelle.