La ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, a présenté, vendredi lors d’une séance plénière conjointe des deux Chambres du Parlement, les grandes lignes du projet de loi de finances (PLF) au titre de l’exercice 2024.
Le PLF-2024 intervient dans un contexte national exceptionnel suite au violent tremblement de terre qu’a connu récemment le Royaume et aux pertes de vies humaines et dégâts causés aux biens et infrastructures qui en ont résulté, ainsi que dans une conjoncture mondiale difficile caractérisée par l’incertitude des prévisions à la lumière des pressions inflationnistes persistantes et des tensions géopolitiques, a souligné Fettah à cette occasion.
Ce projet, a-t-elle poursuivi, répond aux défis présents à relever, à travers la mise en œuvre ferme et immédiate des Hautes Orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en matière notamment de reconstruction et de réhabilitation des zones touchées par le séisme d’Al Haouz, de gestion de la pénurie d’eau et de consolidation des fondements de l’État social.
Ainsi, Fettah a affirmé que le gouvernement est déterminé à faire du PLF-2024 une concrétisation de l’optimal alignement entre les ambitions du Royaume et ses propres capacités, à même de renforcer la résilience du système social et économique.
D’après la ministre, cela passe par l’adoption d’une approche globale basée sur quatre axes, à savoir la mise en œuvre immédiate et effective du Programme de reconstruction et de mise à niveau générale des régions sinistrées par le séisme d’Al Haouz, la poursuite de la consolidation des bases de l’État social et le renforcement de la trajectoire de développement, la poursuite des réformes structurelles, et le renforcement de la soutenabilité des finances publiques.
Pour le premier axe, Fettah a relevé que l’Exécutif a décidé d’allouer des crédits de 2,5 milliards de dirhams (MMDH) des dotations du Fonds spécial de solidarité dédié à la gestion des effets du tremblement de terre, afin de suivre et financer le processus de distribution de l’aide d’urgence aux personnes sinistrées, de mettre à niveau et d’élargir les routes, de réhabiliter les centres de santé et les établissements d’éducation endommagés, ainsi que de soutenir les agriculteurs pour reconstituer le cheptel national et de subventionner l’orge et les aliments composés dans les zones sinistrées.
Le gouvernement veillera également à renforcer les mesures visant à faire face aux impacts conjoncturels qui se sont intensifiées ces dernières années, en particulier en raison de l’accélération des pressions inflationnistes, de la sécheresse et de la pénurie d’eau, ainsi qu’à renforcer les mesures de soutien aux matières premières agricoles et aux aliments destinés au bétail et développer les chaînes de production et de distribution dans le cadre de la stratégie « Génération Green » que le gouvernement continuera de mettre en œuvre en 2024, a-t-elle ajouté.
Il s’agit aussi d’accélérer la mise en œuvre des différentes composantes du Programme National pour l’Approvisionnement en Eau Potable et l’Irrigation (PNAEPI) en prévoyant des crédits supplémentaires de 5 MMDH dans le cadre du PLF, pour porter le total des crédits prévus à plus de 18 MMDH.
Concernant le deuxième axe, Fettah a indiqué que le gouvernement veille à mettre en place d’une manière progressive du programme d’aide sociale directe, dont le coût devrait s’élever à près 25 MMDH en 2024, lequel sera financé à travers la contribution de solidarité sur les bénéfices et les revenus des entreprises, outre le travail sur la rationalisation et l’efficacité des programmes sociaux en vigueur, notamment la réforme de la compensation avec des crédits de 16,4 MMDH.
Le gouvernement poursuivra la réhabilitation du système national de santé, a-t-elle fait savoir, précisant que le département de la santé et de la protection sociale bénéficiera d’un soutien supplémentaire de 2,6 MMDH, portant le budget total alloué à ce département à environ 31 MMDH.
Côté emploi, Fettah a avancé que 50.034 emplois seront créés au titre du PLF-2024, contre 48.212 postes en 2023, ajoutant que l’Exécutif poursuivra la mise en œuvre de la deuxième édition du programme « Awrach » pour atteindre l’objectif de 250.000 emplois et procédera à une évaluation globale du programme « Forsa ».
Le gouvernement va aussi continuer, dans le cadre du PLF-2024, à honorer ses obligations en matière de dialogue social, notamment via la mise en œuvre des accords signés dans le but d’améliorer les salaires dans plusieurs secteurs, ce qui coûtera au Budget général de l’État, selon la ministre, des dépenses supplémentaires estimées à 4,2 MMDH en 2024, date à laquelle le total des crédits alloués pour la réalisation des engagements du dialogue social devrait atteindre 10 MMDH.
Concernant la poursuite des réformes structurelles, en particulier la promotion de l’investissement, la ministre a assuré que le gouvernement poursuivra l’effort d’investissement public et stimulera l’investissement privé.
A cet égard, elle a précisé que l’effort d’investissement public prévu dans le cadre du PLF-2024, est de 335 MMDH, ce qui représente une augmentation de 35 MMDH par rapport à l’année 2023.
Fettah a également noté que le gouvernement, à travers le nouveau PLF, va accorder une attention particulière à la mise en œuvre des plans stratégiques sectoriels, en poursuivant la mise en œuvre de la stratégie énergétique, du projet de l' »Offre Maroc » et de la feuille de route stratégique au niveau national pour le secteur du tourisme.
S’agissant du quatrième axe, elle a noté que l’Exécutif poursuivra la réforme des finances publiques en réformant la loi organique de finances (LOF), notamment via l’adoption d’une nouvelle règle budgétaire visant à maîtriser l’endettement à des niveaux acceptables et l’élargissement du champ d’application de la LOF pour inclure les établissements publics bénéficiant de ressources allouées ou de subventions de l’État.
Compte tenu des besoins de financement pour la mise en œuvre des différents chantiers et programmes évoqués, et de la conjoncture internationale marquée par l’incertitude quant aux perspectives de croissance de l’économie mondiale, le PLF- 2024 table sur une croissance de 3,7%, avec une inflation limitée à 2,5% et un déficit budgétaire à 4%, a fait savoir la ministre.