La 16è édition du Forum international MEDays s’est officiellement ouverte, ce mercredi à Tanger, sous le Haut Patronage du Roi Mohammed VI.
Organisée par l’Institut Amadeus, sous le thème « Souverainetés et Résiliences: Vers un nouvel équilibre mondial », cette édition entend approfondir la conversation continentale et globale au sujet de la consolidation des souverainetés nationales ou régionales (institutionnelle, politique, territoriale, sécuritaire, économique, alimentaire, énergétique, sanitaires) et la construction d’une résilience partagée, en réponse aux crises mondiales multiples.
S’exprimant à cette occasion, le président de l’Institut Amadeus, Brahim Fassi Fihri, a souligné que « la ville de Tanger, porte du sud et pont entre les mondes, nous rassemble pour non seulement comprendre les défis d’aujourd’hui mais tenter de les résoudre ensemble avec la force et l’audace qui nous animent », relevant que la thématique de cette édition est une promesse et un acte de foi dans la capacité des nations de tracer leurs propres voies et leurs propres chemins et relever les défis avec dignité, ainsi que de construire des ponts entre les peuples pour transformer les défis en espoir collectif.
« La souveraineté et la résilience sont des mots en apparence simple à appréhender mais qui renferment la volonté des peuples à rester maîtres de leur destin, à se redresser et à avancer », a-t-il poursuivi, soulignant que la souveraineté « n’est pas une question de frontières mais c’est la capacité pour chaque nation de décider par elle-même et de choisir ses alliances, ainsi que de bâtir son avenir sans dépendre de la volonté de d’autres Etats ».
Fassi Fihri a, à cet égard, noté que la souveraineté « c’est l’âme de chaque nation qui réclame un respect de sa propre spécificité et de sa trajectoire loin des figures imposées ou des préceptes dictées », relevant que « quant à la résilience, elle est le courage de se dresser, de se réinventer et de trouver dans les épreuves les terreaux de la renaissance. Il s’agit en somme de transfigurer les crises pour identifier les opportunités ». Pour sa part, le Président de l’Union des Comores, Azali Assoumani, a indiqué que la thématique de cette édition offre l’opportunité de discuter les défis auxquels est confronté le monde dans son ensemble et l’Afrique en particulier, notamment ceux liés à la géopolitique actuelle marquée par des tensions croissantes et un ordre international bousculé, notant la nécessité de trouver des solutions urgentes, pour permettre aux pays de faire face aux chocs et crises, et maintenir la paix, la sécurité et la stabilité dans le monde.
« La résilience dont nous avons besoin aujourd’hui est celle qui permettra à nos Etats de s’adapter et de surmonter ces défis, tout en préservant leur souveraineté constamment remise en cause par les bouleversements qui secouent l’Afrique confrontée aux défis endogènes et exogènes », a-t-il dit. Le Président comorien a noté que ce forum constitue l’occasion d’amorcer des réflexions permettant d’adopter des stratégies communes pour nos pays afin de faire face à un paysage géopolitique changeant, ajoutant: « nous avons le devoir de façonner l’avenir où la souveraineté des Etats sera sauvegardée et où les défis mondiaux seront abordés de manière collaborative, constructive et positive ». De son côté, la Première ministre de la République démocratique du Congo (RDC), Judith Suminwa Tuluka, a affirmé que les relations entre son pays et le Royaume du Maroc, basées sur des liens fraternels et des valeurs communes de coopération, de respect mutuel et de solidarité, continuent de se renforcer, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives de collaboration dans de nombreux domaines pour bâtir un avenir meilleur pour les deux peuples, soulignant que ce forum est devenu, au fil des ans, un rendez-vous incontournable pour approfondir la réflexion sur les grands défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés, qui exigent des réponses audacieuses et innovantes.
Après avoir précisé que la souveraineté est intrinsèquement liée à la capacité à répondre aux besoins urgents des pays et de s’affirmer en tant que nation, Mme Suminwa Tuluka a passé en revue les trois piliers fondamentaux de la souveraineté, à savoir la souveraineté alimentaire, la diversification énergétique et l’innovation technologique, ajoutant: « le chemin vers un nouvel équilibre mondial repose essentiellement sur notre capacité à travailler ensemble, unir nos forces, partager nos connaissances et innover, pour bâtir un avenir où la souveraineté et la résilience ne sont pas seulement des idéaux, mais des réalités tangibles pour tous nos citoyens ».
Quant au Premier ministre guinéen, Amadou Oury Bah, il a mis l’accent sur les relations séculaires entre la République de Guinée et le Royaume du Maroc, saluant la vision et l’engagement de SM le Roi Mohammed VI en faveur de la coopération sud-sud.
Oury Bah a mis l’accent sur l’importance de la thématique de cette édition, qui intervient dans un contexte où la paix est devenue une quête des peuples à travers le monde, soulignant la nécessité de repenser la dynamique actuelle pour prendre en compte les nouvelles réalités, et de développer des partenariats stratégiques pour permettre de créer un nouvel équilibre des puissances régionales.
Il a, à cet égard, estimé que la souveraineté économique nécessite une industrialisation inclusive pour une résilience durable, saluant l’expérience du Maroc en matière d’exploitation du phosphate, avec la création d’une économie diversifiée, ce qui en fait un exemple à suivre dans le continent.
Le Premier ministre de Sao Tomé-et-Principe, Patrice Trovoada, a, quant à lui, relevé que ce forum, reconnu pour la qualité de ses intervenants, la pertinence de ses thèmes et l’intensité de ses débats, permettra d’explorer les mutations géopolitiques qui confèrent au continent africain une place particulière, motivée par ses taux de croissance économique et démographique, ses ressources naturelles et son poids croissant dans la gouvernance mondiale, soulignant que face aux défis actuels, l’Afrique est un acteur résilient porteur d’un immense potentiel pour façonner un avenir où son rôle sera non seulement reconnu mais essentiel.
« C’est une époque où notre continent doit se montrer audacieux et saisir l’opportunité de redéfinir sa place dans l’ordre mondial », a-t-il lancé, soulignant l’impératif pour les pays africains de diversifier leurs partenariats commerciaux, renforcer leurs monnaies locales, explorer des mécanismes financiers innovants et des moyens d’échanges bilatéraux, promouvoir la coopération régionale, consolider les marchés intérieurs et diversifier les sources de revenus, en vue de protéger les économies africaines des chocs extérieurs et de créer un cadre plus robuste pour favoriser la résilience économique de l’Afrique.
Ce Forum, qui se tient du 27 au 30 novembre, réunit plus de 250 intervenants de très haut niveau dont des chefs d’État et de gouvernement, décideurs politiques, lauréats de Prix Nobel, dirigeants de grandes entreprises internationales et personnalités influentes devant un public de plus de 6.000 participants venus de plus de 100 pays, selon la Fondation du Forum MEDays et l’Institut Amadeus.